II. Sous le califat de Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) :
- Décès de plusieurs compagnons connaissant le Coran par cœur
Après la mort du prophète (paix et salut sur lui), le compagnon Abou Bakr a été désigné à l’unanimité comme son successeur (khalîfa) et est donc devenu le chef politique et spirituel de la communauté. Bien qu’il n’ait gouverné qu’un peu plus de 2 ans, il a dû faire face à de graves événements : plusieurs tribus arabes ont apostasié et d’autres ont refusé de s’acquitter de la zakat. Abou Bakr leva alors une armée pour les combattre. Lors de la célèbre bataille de Yamama, en l’an 11 de l’hégire (décembre 632), l’armée de Khalid ibn Walid – constituée de 13 000 hommes – fit face à une armée de 40 000 apostats, avec à leur tête le faux prophète Mousaylama Al Kadhab. Les musulmans remportèrent une victoire écrasante et Mousaylam fut tué par Wahchi ibn Harb. Mais durant la bataille, soixante-dix compagnons, parmi ceux qui connaissaient le Coran par cœur, furent tués. Ceci inquiéta Omar qui craignit pour la préservation du Coran. Il en fit part à Abou Bakr et lui suggéra de compiler tous les écrits du Coran, éparpillés çà et là, en un seul codex (moushaf). Au début, Abou Bakr refusa de faire ce que le prophète (paix et salut sur lui) n’avait pas fait, mais devant l’insistance d’Omar, il changea d’avis et convoqua Zayd ibn Thabit pour lui confié cette mission, de par son prestige parmi les lecteurs, son intelligence et surtout qu’il était le dernier à avoir fait corriger sa récitation directement du prophète (paix et salut sur lui). Au début, Zayd refusa également, mais devant l’insistance d’Abou Bakr et d’Omar, il changea d’avis.
Zayd dit : « Par Allah ! S’il m’avait confié comme mission de déplacer une montagne, ce n’aurait pas été plus difficile que celle qu’ils m’ont confiée de compiler le Coran ! » (Al Boukhari)
Zayd se mit alors à rassembler toutes les traces écrites qu’il pouvait trouver chez les compagnons : sur des os, des feuilles, des peaux, des morceaux de bois…
- Compilation orale ou écrite ?
Il est important de comprendre que la transmission du Coran a été avant tout orale. Bien qu’il s’agissait là d’une compilation écrite, Zayd ne sait pas contenté de recopier les versets écrits ici ou là, sans avoir le témoignage d’au moins deux compagnons qui avaient appris ce verset, en plus de lui-même qui connaissait le Coran par cœur. Comme le rapporte Yahya ibn Abderahman : « Omar est venu et a dit : « Celui qui a recueilli du messager d’Allah (paix et salut sur lui) une partie du Coran, qu’il l’apporte. » Ils avaient pour habitude de l’écrire sur des feuillets, des planches, des feuilles de palme. Et on n’acceptait rien de personne s’il n’avait pas deux témoins. » (Abou Daoud)
Ces feuillets étaient donc une « sécurité » pour garder une trace écrite du Coran, mais personne ne s’en est jamais servi pour apprendre directement dessus en lisant les versets. La transmission a toujours été orale.
Zayd dit : « Ces feuillets sont restés auprès d’Abou Bakr jusqu’à sa mort, puis auprès de Omar tout au long de sa vie, puis chez sa fille Hafsa. » (Al Boukhari)